L’opération est inédite dans le privé et dans la région Bourgogne-Franche-Comté : l’établissement bisontin (Besançon) - 36 000 admissions par an - a accueilli, sur place et pour des ateliers, les médecins de ville des quatre départements. L’occasion de faciliter le parcours de soins des patients mais aussi de promouvoir les techniques non-invasives, l’ambulatoire et la prévention.
Un petit écouvillon tout simple. À côté de la machine EOS, qui détecte avec dix fois moins de radiations qu’un appareil classique la moindre scoliose, du robot Da Vinci capable, en trois mini-incisions, de traiter un cancer de la prostate ou encore du coronoscanner qui, couplé au score calcique, permet une évaluation du risque cardiovasculaire, ça n’a l’air de rien.
Pourtant, ce petit objet que le docteur Marie-Carole Paolini, médecin biologiste à la clinique Saint-Vincent de Besançon, a présenté, fin septembre, à une soixantaine de confrères généralistes, peut, lui aussi sauver des vies. « Il permet le dépistage du cancer de col de l’utérus chez les femmes de plus de 30 ans par auto-prélèvement », explique la spécialiste. Très utiles donc pour les patientes pas ou plus suivies par un gynécologue, défavorisées ou tout simplement réticentes au frottis.
Manipuler le robot articulé
Encore faut-il, pour que les médecins généralistes libéraux —environ un millier dans les quatre départements, les premiers, et souvent les seuls interlocuteurs de la population — proposent cette nouveauté, qu’ils soient au courant. L’information : voilà un des buts de la journée, qui s’est déroulée fin septembre dans l’établissement comtois, propriété, comme cinq autres dans la région (outre dans la capitale comtoise, à Pontarlier, Vesoul, Dole et Lons-le-Saunier) du groupe ELSAN.
La rencontre entre praticiens spécialistes et médecins de ville n’a rien d’exceptionnel ici, même si c’est une spécificité du groupe : elle existe depuis 27 ans. Mais cette fois, les généralistes ayant répondu à l’invitation se sont rendus directement sur place, ont découvert les nouveautés et les spécificités techniques de la clinique et ont même pu tester, au cours de huit ateliers, le matériel.
« Être dans le concret »
« Avant, on faisait ça à la CCI », explique le docteur Clément Darcq, urologue, en charge de la manifestation. « Cette fois, nous étions plus dans le concret : les médecins voient le circuit du patient , ce n’est plus théorique. Certains ont aussi pu manipuler. Les confrères étaient vraiment ravis. »
Forte de 36 000 admissions par an, de 85 praticiens et de 350 salariés, la clinique profite également de l’occasion pour promouvoir, non seulement la prévention auprès des généralistes, mais aussi ses techniques non-invasives. Comme TAVI, en cardiologie qui permet de remplacer la valve aortique, avec un point de ponction dans le bras, ou encore HIFU, un traitement pour cancer de la prostate pour ultrasons localisés. Mise en avant aussi de ce qui est souvent lié : le traitement en ambulatoire (75 % de l’activité). Voilà qui suppose de travailler main dans la main avec la médecine de ville.
Un nouveau bloc, un nouveau robot
« Les confrères participent pleinement à l’accélération de la prise en charge des patients qui nous est demandée. C’est aussi intéressant de mettre des visages sur des noms », sourit le docteur David Gallinet, chirurgien de l’épaule. « Il est essentiel de créer du lien entre médecins de ville et nos praticiens », ajoute Brigitte Lemarquis, responsable régionale des relations médicales du groupe ELSAN, qui rend régulièrement visite aux généralistes.
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Le système de radiographie EOS permet, entre autres, de détecter les scolioses. Crédits : Photo Ludovic Laude |
La journée sera reconduite l’an prochain, sous cette même forme didactique. À ce moment-là, les généralistes pourront découvrir le nouveau bloc de cardiologie, qui sera fonctionnel d’ici à la fin de cette année (960 000 € d’investissement) et surtout le nouveau robot Da Vinci (2,2 millions d’euros), qui remplacera, toujours fin 2024, son aîné âgé de 13 ans.
© Sophie Dougnac, "Franche-Comté, Clinique Saint-Vincent : Quand les spécialistes donnent la main aux généralistes", L'Est Républicain, 03 novembre 2024
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