Pour désengorger les urgences psychiatriques publiques, l’Agence régionale de Santé a ouvert douze lits d’hospitalisation au Pôle Santé Sud, au Mans. Les patients hospitalisés sous contrainte ne peuvent toutefois pas y être reçus.
Maintien à domicile ou attente aux urgences
En Sarthe, faute de psychiatres en nombre suffisant, l’EPSM a été contraint de fermer 42 lits cet été 2023. Les patients, eux, ont continué d’affluer aux urgences, attendant plusieurs jours dans un couloir du service avant d’accéder à un lit d’hospitalisation. "Ce couloir, appelé le Patio, a été récemment fermé par l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire", informe un soignant, tellement les conditions de prise en charge étaient indignes. "Mais entre la théorie et la pratique, il y a deux mondes, constate Frédéric David, infirmier à l’EPSM et secrétaire CGT. Il n’y a pas de décroissance en termes de besoins alors qu’au niveau de l’offre, c’est la cata. À l’EPSM, près de 60 % des postes de psychiatres ne sont pas pourvus. Ce n’est pas parce qu’on ferme des lits que les patients n’existent plus. Beaucoup de malades sont maintenus à domicile alors que leur état exigerait une hospitalisation", s’alarme l’infirmier. D’autres attendent toujours aux urgences, malgré la fermeture du Patio.
67 postes non pourvus au concours
Pour désengorger les urgences publiques, l’ARS a ouvert douze lits au Pôle Santé Sud le mercredi 13 septembre. "Une solidarité bienvenue mais qui n’est pas idéale", selon Frédéric David. Le PSS ne prend pas en charge les mêmes patients que l’hôpital, il n’est notamment pas habilité à accueillir les patients sous contrainte, c’est-à-dire hospitalisés d’office ou à la demande d’un tiers.
Pour ce représentant du personnel, il devient urgent de trouver des solutions, même transitoires. La plus rapide selon lui serait de répartir plus équitablement les moyens humains. Il faudrait obliger les jeunes psychiatres à exercer temporairement dans les déserts médicaux. Une mesure efficace à condition de l’élargir à toutes les spécialités, sans quoi la psychiatrie risque de ne plus du tout séduire les internes. Aux dernières épreuves classantes nationales*, la psychiatrie n’a pas réussi à faire le plein. 67 postes n’ont pas été pourvus selon le site internet L’Étudiant, alors même que le nombre de postes ouverts avait augmenté (+ 14 places par rapport à 2022).
* À l’issue des épreuves classantes qui se déroulent pendant la 6e année d’études de médecine, les étudiants choisissent leur spécialité selon leur rang de classement et le nombre de postes ouverts par spécialité.
© Le Maine Libre - 21/09/23
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