À la fin de ses cinq ans d’internat comme médecin anesthésiste, à Thessalonique, en Grèce, Chrysoula Gousia envisage de partir en Angleterre avec son mari, la situation politique de son pays étant compliquée. « Mon mari est italien, nous pensions à l’Angleterre parce que nous parlons bien anglais, mais nous n’étions pas fermés à d’autres destinations », explique-t-elle.
Dr Gousia, médecin anesthésiste à la clinique du Val de Loire à Nevers |
Aller à la rencontre des médecins : une stratégie payante
Le groupe Vitalia [racheté depuis par ELSAN en 2015], auquel appartient alors la Polyclinique du Val de Loire, se rend justement à Thessalonique pour faire une présentation et recruter des médecins, qui font déjà défaut en France. « La présentation nous a plus et on m’a proposé ce poste à Nevers. Ce qui nous inquiétait, c’était qu’on ne parlait pas français, mais on s’est dit “on va tenter et on verra” ». Un autre médecin anesthésiste grec, séduit lui aussi, vient avec elle. Grâce à l’équivalence de diplôme en Europe, elle n’a qu’à traduire ses diplômes et peut exercer deux mois plus tard.
C’était il y a huit ans. Depuis, elle s’est bien intégrée dans la vie nivernaise. « C’est une petite ville, où il pleut et il fait froid, c’est sûr. Mais la nature est aussi très présente, on peut circuler facilement, et il y a une meilleure qualité de vie. Certes, la ville ne bouge pas beaucoup, mais on n’est pas venu ici faire la fête », sourit-elle. « Il y a quand même des choses à faire : cinéma, restos, balades… et des activités périscolaires pour les enfants. Pour le reste, on part en vacances. »
Le choix d’une culture latine
Elle ne regrette pas l’Angleterre. « Les gens sont plus sympas ici je pense, et la France est plus proche de notre mentalité, le côté latin ». La langue française n’a pas longtemps posé problème à cette polyglotte, qui maîtrisait déjà l’anglais, le grec et l’italien. « Ça a été compliqué deux ou trois mois, mais au contact des gens, c'est venu rapidement. Surtout qu’en médecine, il y a beaucoup de mots d’origine grecque, ça m’a aidée ».
L’ambiance à la clinique lui a contribué à son intégration. « Il y a de très bonnes conditions de travail, je me sens en sécurité et je pratique comme je veux pratiquer. J’ai aussi la possibilité de me former. L’équipe est compétente et gentille, mes collègues m’ont donné la chance de faire mes preuves. Ils m’ont même aidée à trouver un logement. Quant aux patients, ils n’ont pas eu de doutes parce que j’étais étrangère. Je pense que c’est dû au fait que dans la Nièvre, il y a beaucoup de médecins étrangers déjà, ils sont habitués ».
"Je suis bien ici. Je ne sais pas si je vais rester jusqu’à la retraite, mais tant que les conditions de vie et de travail restent telles quelles, je n’ai pas de raison de chercher ailleurs."
À 43 ans, Chrysoula n’envisage pas de partir dans une autre ville pour le moment. « Je suis bien ici. Je ne sais pas si je vais rester jusqu’à la retraite, mais tant que les conditions de vie et de travail restent telles quelles, je n’ai pas de raison de chercher ailleurs. Je ne dis pas qu’un jour, je n’aurai pas envie de retourner en Grèce. Mais pour l’instant, j’ai des enfants qui ont grandi en France et ne parlent pas grec. Ça serait compliqué de retourner là-bas. Même ma mère m’a suivie ici. Mais j’y retourne aussi souvent que possible, pour les vacances. »
Cercle vertueux
Arrivés à deux en 2014, Chrysoula Gousia et un autre médecin anesthésiste ont attiré toute une communauté de médecins grecs à Nevers. Des connaissances à eux, deux autres anesthésistes du même âge, les ont rejoints. Puis un gastro-entérologue et un urologue, grecs aussi, qu’ils ne connaissaient pas, mais qui ont été rassurés par leurs compatriotes. « Quand il y a des recrutements et que la direction n’arrive pas à trouver, elle se tourne vers nous, car on a des contacts, même si on en a de moins en moins comme cela fait huit ans qu’on vit ici », précise Chrysoula.
©Marlène Martin,"Médecin anesthésiste en Grèce, elle est venue s'installer à Nevers et y est restée", 01.03.2022 - Le Journal du Centre
credit Choto : Frédéric Lonjon
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