Un centre du sommeil s'éveille à Tronquières

Un centre du sommeil s'éveille au Centre Médico-Chirurgical de Tronquières




Neuf chambres réservées à l'enregistrement du sommeil des patients, un compartiment dédié, deux infirmières. Et un médecin, ORL de formation, spécialisé en somnologie.

Les travaux sont en cours. En février 2022, le CMC de Tronquières ouvrira un centre du sommeil BioSerenity. Une start-up fondée en 2014, considérée comme une pépite de la « French Tech » (*), qui compte une dizaine de centres similaires partout en France, souvent en partenariat avec des cliniques ou des hôpitaux.

« Les troubles du sommeil constituent un vrai enjeu de santé publique, estime Romain Auriac, le directeur du CMC. Ils touchent une large population. Sur notre département, l'offre n'était pas suffisamment structurée pour répondre à ces besoins. Il convenait d'avoir une structure couvrant l'ensemble des pathologies du sommeil, avec une prise en charge plus experte. »

Les premières consultations (« secteur 1, sans dépassement d'honoraires ») débuteront dès le 13 décembre. À la manette, le Dr Bruno Mompeyssin. Un fin connaisseur du Cantal, ancien président du conseil de l'Ordre des médecins (2012-2018), qui a décidé de se « surspécialiser » dans les troubles du sommeil. Cela fait maintenant deux ans que l'Aurillacois exerce au sein du réseau BioSerenity.


"Vous allez ressembler à un sapin de Noël"

« Je suis arrivé au sommeil par le ronflement, sourit-il. L'ORL que je suis a été le premier concerné : Pourquoi je ronfle ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que c'est grave ? » 

Durant toute sa carrière, débutée en 1987, il s'est intéressé à ces questions. Jusqu'à aller plus loin. « En tant qu'ORL, j'étais un spécialiste d'organes, qui guérissait telle ou telle pathologie. Mais je restais dans mon domaine. Tandis qu'avec la médecine du sommeil, on a un impact direct sur la vie des gens. Je trouve cela passionnant. »

Pour poser le bon diagnostic, il convient parfois « d'explorer » le sommeil du patient. « Vous allez ressembler à un sapin de Noël », annonce le Dr Mompeyssin aux personnes qui s'apprêtent à dormir à la clinique. « Il y a un encéphalogramme, donc une vingtaine d'électrodes sur la tête, le visage, le thorax, au bout des doigts. On enregistre toute l'activité respiratoire, cardiologique, cérébrale, musculaire des patients. » La nuit d'hospitalisation est même filmée. « Associer vidéo et cerveau, c'est par exemple le seul moyen de détecter les épilepsies morphéiques chez l'enfant. Des épilepsies ne se produisant que dans le sommeil, qui donnent des enfants fatigués. »

Avec ces multiples capteurs, on est donc bien loin d'une nuitée à l'hôtel. « Mais c'est une nuit qui doit être confortable. Pas agressive, ni anxiogène », souligne le Dr Mompeyssin. « Nous avons cherché les locaux les plus appropriés pour qu'il y ait le moins de bruit, de dérangement possible, indique Romain Auriac. Et dans l'aménagement des chambres, on essaie d'avoir l'environnement le plus accueillant possible. »


La face cachée de la lune

De l'apnée au bruxisme (le fait de grincer des dents), en passant par le somnambulisme, la palette des troubles du sommeil est large. L'insomnie, mal du siècle ? « On parle d'insomnie sévère à partir du moment où elle devient chronique (plus de trois mois) et a un retentissement sur la journée du patient. Les insomnies sévères, c'est 10 % de la population. Ce n'est pas une maladie du siècle, répond le Dr Mompeyssin. Mais c'est effectivement un marqueur de société quant à l'état de santé de la population. »

Au travail, à l'école, face aux journées cadencées, les enjeux vont croissant. « C'est la partie émergée de l'iceberg, illustre le Dr Mompeyssin. En fonction de la qualité de votre nuit, vous aurez une qualité de compétences dans vos activités, une qualité de moral. C'est la face cachée de la lune, mais celle qui donne toute la qualité de la vie. »

(*) BioSerenity figure dans la sélection du Next40, label créé par le gouvernement pour soutenir quarante jeunes entreprises françaises jugées prometteuses.


©Romain Blanc, La Montagne, 7 décembre 2021

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