Mois sans Tabac : témoignage d’un patient à la Clinique St Orens

Libéré. C’est ainsi que Didier Le Bihan se sent aujourd’hui. Voilà un peu plus d’un an que ce Carcassonnais de 57 ans n’a plus touché une cigarette. Accompagné par le programme de sevrage tabagique STEP (1), Didier Le Bihan raconte avoir enfin réussi ce qu’il avait tenté à plusieurs reprises en quarante ans. « Et cette fois, la cigarette, c’est bien fini ! », assure cet aide-soignant qui a arrêté de compter les jours sans tabac depuis cet été, après neuf mois de doses de nicotine administrées par patchs et progressivement réduites. « Sans aide, c’est trop difficile », témoigne l’ancien fumeur qui a démarré son sevrage avec une dose de 35 mg de nicotine, soit un patch à 21 mg et un autre à 14 mg.
« Près de 40 % de nos ordonnances comportent plus de deux patchs. Trop souvent, les fumeurs en sevrage tabagique sont sous-dosés en substituts nicotiniques et ça ne fonctionne pas. Ils ont besoin d’une dose de nicotine équivalente à celle qu’ils recevaient en fumant et cette dose doit être diminuée par paliers », souligne le Dr Olivier Galera, tabacologue du programme STEP.



Economies, goût, odorat

Cet accompagnement au sevrage par substituts nicotiniques, Didier Le Bihan veut le porter à travers son expérience. « Pour moi, ça a marché. Mais je constate dans le cadre de mon travail, en soins intensifs neurovasculaires, que la plupart des patients reprennent la cigarette quand ils n’ont pas suffisamment de patchs… Et j’en revois malheureusement certains en hospitalisation, pour un nouvel AVC (accident vasculaire cérébral) après la reprise du tabac », témoigne l’aide-soignant. Devenu passionné par le sujet, il projette de suivre une formation en addictologie (DU, diplôme universitaire), orientée sur la tabacologie, afin d’aider d’autres patients et de convaincre les équipes médicales de l’intérêt du bon dosage en substituts nicotiniques.

Au fil de ses mois sans tabac, Didier Le Bihan a récupéré 2 % de saturation en oxygène, réalisé des économies qui lui ont permis de changer de voiture, augmenté son activité physique par de la marche rapide, et se régale gustativement. « Avant, il y avait tromperie, c’était le visuel qui me guidait. Là, je retrouve le goût et les odeurs des plats. On me dit aussi que j’ai meilleure mine et comme mes proches sont heureux de ce que j’ai réussi à faire, je le suis aussi ! ».

Surtout, Didier se sent « libéré ». « Voir fumer mes collègues pendant les pauses ne me dérange pas. Quand je reprendrai l’avion pour rendre visite à mon fils au Cambodge, les heures d’attente à l’aéroport seront tellement faciles à gérer ! Et lorsque je me rends chez quelqu’un, je ne cherche plus à savoir comment je vais faire pour fumer ».

Le médecin tabacologue acquiesce et sait combien le chemin parcouru peut être difficile. « Notre société culpabilise les fumeurs. Dire qu’arrêter n’est qu’une question de volonté, ce n’est ni bienveillant, ni efficace. Les industriels du tabac ont créé la dépendance. Seulement 8 % des fumeurs parviennent à arrêter sans aide médicale. Comme lorsqu’on met un plâtre sur une fracture, l’aide au sevrage est indispensable », conclut le Dr Olivier Galera.

(1) Le programme STEP (Sevrage Tabagique Education Prévention), proposé par la Clinique de soins de suite et de réadaptation de Saint-Orens, près de Toulouse, est soutenu par l’Agence régionale de santé (ARS Occitanie).


 ©Emmanuelle Rey, La dépêche du Midi, 17 novembre 2021

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