Alors que la Journée mondiale des pharmaciens s'est tenue samedi, la pharmacie de l’hôpital privé Océane a accepté d’ouvrir exceptionnellement les portes de ce lieu méconnu du grand public.
Les officines sont bien connues du grand public. Les pharmacies à usage interne beaucoup moins. Chaque établissement de santé en est pourtant doté. A l’occasion de la Journée mondiale des pharmaciens, qui a eu lieu samedi, la clinique Océane a ouvert les portes de ce lieu méconnu.
Les pharmaciennes Nadine Foucher-Billard et Laure Rialland |
Quelle est la différence entre une officine classique et la pharmacie d’un établissement de santé ?
Le travail d’une pharmacie à usage interne (PUI) est dédié à l’établissement de santé dans lequel il se trouve. On y gère les stocks de médicaments et dispositifs médicaux qui seront fournis aux services concernés. L’entrée est sécurisée en raison des produits à risque. L’accès en est totalement fermé aux visiteurs. Cette unité est divisée en quatre secteurs géographiques au sein du bâtiment : les médicaments, les dispositifs spécifiques (le matériel comme les perfusions), une salle de traitement pour la stérilisation du matériel et, enfin, un lieu dédié à la reconstitution des anticancéreux injectables. Ce dernier est situé au cœur du service d’hospitalisation de jour en oncologie.
Qu’y trouve-t-on ?
Avis aux visiteurs et patients. Inutile de s’y rendre pour se fournir en Doliprane. Exit la parapharmacie et certains médicaments distribués en ville. « Nous n’avons que des médicaments jugés à service médical suffisant. Ils ont démontré leur efficacité », précise la pharmacienne Laure Rialland. Ils sont forcément spécifiques à l’établissement et aux soins qui y sont prodigués. « Nous avons par exemple des curares pour les anesthésies au bloc et des anticancéreux pour l’oncologie. » Ces médicaments-là ne sont pas disponibles dans les officines de ville.
Est-ce que la pharmacie est ouverte 24 heures sur 24 ?
Ouverte tous les jours en semaine, la pharmacie fonctionne avec un système d’astreintes pour répondre aux urgences. « S’il n’y a pas la présence d’au moins une des quatre pharmaciennes, personne ne peut rentrer », précise Nadine Foucher-Billard. Et pour cause, aucun médicament n’est sans conséquence.
« Ils peuvent tous devenir dangereux s’ils sont mal utilisés, même le Doliprane. » Pour ne jamais être confronté au manque, chaque service se voit préparer une réserve régulière adaptée à son activité.
« Y compris le bloc opératoire », rassure cette pharmacienne.
Quels types de médicaments sont reconstitués ?
Il s’agit des médicaments servant aux chimiothérapies. « Il s’agit d’une opération à risque et complexe, indique la pharmacienne Sophie Un. Ce sont des médicaments dangereux. Ils sont donc manipulés sous isolateur, en milieu stérile. C’est une zone à atmosphère contrôlée. » Le manipulateur chargé de la reconstitution est lui-même protégé pour le préparer.
L’unité réalise environ 50 préparations par jour, soit près de 13 000 par an. Ceux-ci sont réalisés le jour J pour les patients. « Ce sont ce qu’on appelle des préparations magistrales. » A savoir, une ordonnance pour un patient avec son poids, sa taille…
Avec 1 000 médicaments en référence et 140 000 allers-retours par an de la pharmacie vers les services, comment évite-t-on les médicaments périmés ?
Ce sont des règles de rangement bien connues des soignants. « On met toujours le plus récent au fond, détaillent les trois pharmaciennes. C’est comme les yaourts à la maison. » Un système informatique est également en place et chaque service est tenu de faire son inventaire une fois par mois. Et en cas de panne d’un frigo ? Une alarme retentit si la température augmente ou diminue.
Combien coûtent ces médicaments chaque année ?
L’enveloppe dédiée chaque année à l’achat des médicaments est d’environ 9,5 millions d’euros. Celle des dispositifs médicaux s’élève à trois millions.
© Mélanie Bécognée. « La pharmacie, coeur névralgique de la clinique », Ouest-France, 24 septembre 2021
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