A Châteauroux, le Centre spécialisé en médecine nucléaire de la clinique Saint-François vient d'acquérir un traceur qui révèle instantanément des cellules cancéreuses de la prostate en récidive.
C'est presque une première régionale qui a eu lieu, il y a quelques jours, au Centre d'imagerie blésois et régional (Ciber) de Châteauroux. Lors d'une journée d'août, ce centre d'imagerie spécialisé en médecine nucléaire a en effet injecté à quatre patients un marqueur révolutionnaire dans la lutte contre la récidive du cancer de la prostate : l'Axumin®.
« À ma connaissance, très peu de centres en France et un seul dans la région Centre (à Chartres) l'utilisent » , précise le Dr Pierre Plantiveau, l'un des trois médecins associés gérant le Ciber. Il faut dire que cette invention est récente : « Elle a commencé à sortir en 2017 aux États-Unis, on en a entendu parler lors de nos congrès et formations, et on a trouvé intéressant de l'utiliser en complément de ce que l'on fait déjà. »
Un coût de fabrication de 1.000 € par dose Son principe ? Dans le cadre des examens de suivi des patients qui ont été opérés d'un cancer de la prostate, un urologue peut détecter un taux d'antigènes spécifiques de la prostate (PSA) trop élevé, laissant apparaître un risque de récidive. Pour en avoir le cœur net, il envoie le patient au Ciber afin qu'on lui injecte en intraveineuse le fameux Axumin®. Ce traceur, développé par Blue Earth Diagnostics, un laboratoire d'Oxford, contient du fluor 18. Un produit très faiblement radioactif, qui va se fixer quasi instantanément ( « en quatre minutes » ) sur les cellules malades de la prostate, ou dans la loge de celle-ci, si elle a été enlevée. En plaçant le patient dans l'appareil d'imagerie médicale approprié – un « Tepscan » de dernière génération acquis par le Ciber en 2020 – il est ainsi possible de localiser, en temps réel, les cellules malades de l'appareil prostatique, celles-ci apparaissant en surbrillance sur l'écran des cadres manipulateurs, par le procédé de la scintigraphie.
Validée en France en juillet 2018 par la Haute Autorité de santé (HAS), surveillée par l'Autorité de sûreté nucléaire, cette technologie de pointe, prise en charge à 100 % pour les patients, coûte en revanche très cher à produire pour les laboratoires : « Il faut compter 1.000 € la dose. » Des doses de quelques millilitres, rares, fabriquées « un vendredi par mois » , et qui ne se conservent pas : « On les commande trois jours avant, puis elles sont produites et transportées dans des gros pots en plomb, le jour même de leur injection ! » D'où la nécessité de regrouper le même jour tous les patients à qui elles doivent être injectées.
Plusieurs avantages
De même qu'il ne se conserve pas, le fluor 18 disparaît aussi très vite du corps humain : « Il est entièrement éliminé en huit à dix heures, principalement par les urines. » Autres avantages : « Le procédé ne déclenche ni allergie, ni insuffisance rénale, il n'y a aucun effet indésirable » , assure le Dr Plantiveau.
Le cancer de la prostate étant le premier type de cancer chez l'homme et son suivi étant « très sensible et très spécifique » , sa détection et son traitement au plus tôt permettent donc « d'améliorer les chances de survie en bonne santé » , d'après le représentant du Ciber, qui accueille des patients de toute la région Centre et même de Limoges. Comme quoi, l'Indre peut aussi être à la pointe dans le domaine médical.
© La Nouvelle République.fr, 16.09.21
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