Polluants environnementaux : une étude sur l’efficacité des conseils donnés aux femmes enceintes

  Arsenic, cadmium, cuivre, mercure, plomb… Les métaux lourds peuvent être toxiques, allergisants et cancérigènes. Nous les retrouvons partout : peintures, piles, ampoules ou encore produits de la mer. La sensibilisation devient alors un véritable enjeu de santé publique. En 2019, 78%[1] des médecins confiaient même aborder davantage la question de santé environnementale avec leurs patients. Mais à ce jour, aucune étude n’a jamais évalué l’efficacité des conseils promulgués. Porté par le Dr Lisik, gynécologue-obstétricien à la Polyclinique Urbain V à Avignon, cette étude vient d’être lancée et durera 7 mois. 200 patientes volontaires, en début de grossesse ou en désir de conception, seront testées et suivies afin d’évaluer l’efficacité des conseils sur la réduction de leur niveau d’exposition aux polluants.

 


S’exposer aux métaux lourds, c’est porter un risque à sa santé. En effet, de nombreuses études épidémiologiques ont déjà analysé et prouvé l’existence de liens de causalité entre l’intoxication chronique à ces métaux lourds et certaines maladies chroniques (cancers, pathologies cardio-vasculaires, respiratoires, thyroïdiennes, pathologies neurodégénératives).« Pendant la grossesse, l'exposition à ces polluants pourrait même avoir de graves répercussions sur le fœtus comme des malformations, un mauvais développement du système reproducteur et intellectuel ou encore une augmentation du risque de cancer », alerte le Dr Lisik.


Un test de dépistage, basé sur un dosage capillaire des polluants, permet aux médecins d’identifier le niveau d’exposition aux polluants et d’apporter des conseils comportementaux personnalisés aux patients. Cependant, l’efficacité de ces conseils n’a encore jamais été étudiée.  C’est tout l’objet du projet d’étude que porte Dr François Lisik, en collaboration avec le Dr Piketty-Desfeux, également gynécologue-obstétricien à la Polyclinique Urbain V et le Dr Glowaczower, gynécologue-obstétricien à la Clinique Bouchard à Marseille. 

Financée par le Comité d’Orientation Scientifique ELSAN, l’étude a été validée officiellement par le Comité de Protection des Personnes. Cette étude permettra d’évaluer l’impact des conseils comportementaux donnés aux femmes enceintes ou désireuses d’enfant sur la réduction du niveau d’exposition aux polluants environnementaux. « Nous considérons qu’une meilleure détection des polluants diminuerait l’exposition des fœtus et permettrait ainsi de ne pas hypothéquer leur capital santé », précise Dr François Lisik. L’étude vise également à faire évoluer les mentalités sur la santé environnementale pour le grand public et les soignants.

 

 7 mois, 2 phases, 4 visites

L’étude se déroulera sur 7 mois et comportera deux principales phases : la phase d’inclusion (3 mois) et la phase de participation des patientes sous le protocole de conseil (4 mois).

 Lors de la phase d’inclusion, à la suite d’une consultation de début de grossesse, la patiente est informée de l’objet de l’étude et le test de dépistage lui est proposé. Après accord et vérification d’éligibilité, elle est testée. Le test permet de détecter les métaux auxquels la patiente est exposée et de déterminer le niveau de risque, grâce au prélèvement d’une mèche de cheveux. Les résultats sont livrés au cours d’une seconde visite (1 mois après le prélèvement). Le médecin délivre alors une fiche de conseils à suivre, selon le polluant détecté. La patiente suit les conseils promulgués par le professionnel de santé. Ainsi s’entame la seconde phase.

Une troisième visite est organisée, 2 mois après le test, pour s’assurer du bon respect des conseils préconisés. La dernière visite intervient 4 mois après le prélèvement. La patiente est testée à nouveau et son niveau d’exposition est vérifié une seconde fois puis comparé au premier prélèvement.

Le rapport final de cette étude devrait être disponible d’ici fin 2021. « Nous espérons pouvoir communiquer les résultats de notre recherche aux prochains congrès nationaux et internationaux sur la gynécologie obstétrique », se réjouit le Dr Lisik.

 

[1] Enquête publiée par la revue « Le Généraliste » le 31/12/2019

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