La Clinique de l’Estrée, à Stains, souhaite devenir un centre de référence dans le traitement de l’endométriose
Une maladie gynécologique extrêmement douloureuse, invalidante dans tous les aspects de la vie - quotidienne, sociale et intime - entraînant parfois l'infertilité et particulièrement difficile à détecter : l'endométriose touche en moyenne une femme sur dix. « Entre les premiers symptômes et la pose du bon diagnostic, cela a pu prendre parfois dix ans pour certaines patientes », rapporte le docteur Frédéric Chiche, chirurgien gynécologique à la clinique de l'Estrée, à Stains.
Une situation que l'établissement privé de soins qui appartient au groupe Elsan veut contribuer à changer, en devenant une référence en Seine-Saint-Denis dans la prise en charge de cette maladie.
« Errance thérapeutique »
L'objectif est de réduire le nombre de « femmes en errance thérapeutique », comme le résume Gorka Noir, directeur de la clinique. La structure médicale va d'ailleurs répondre à un appel à projets de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France.
L'ARS souhaite organiser une « filière territoriale », selon ses termes afin de rendre plus précoce la détection de cette maladie chronique, d'améliorer le traitement de la douleur, de réduire les interventions répétées et inutiles et de mettre en place un suivi adapté pour les cas complexes.
Un dernier point sur lequel la clinique veut se distinguer : « En Seine-Saint-Denis, nous sommes les seuls à avoir le robot Da Vinci qui facilite les opérations chirurgicales qui nécessitent plusieurs compétences, urologiques, gynécologiques et viscérales », détaille Gorka Noir.
L'assistance d'un robot pour les cas complexes
L'équipement technique doté de cinq bras articulés très maniables représente un investissement de deux millions d'euros. « C'est un outil qui permet de faire de la chirurgie mini-invasive, c'est-à-dire beaucoup moins traumatisante pour la patiente. On peut se relayer à plusieurs chirurgiens derrière la console pour intervenir en fonction de nos spécialités », complète Frédéric Chiche.
C'est d'ailleurs la présence de compétences complémentaires qui a fait naître l'idée de les associer pour faire émerger un centre de référence autour de l'endométriose. « On a dessiné un parcours de soins avec une personne dédiée à la coordination avec une réunion mensuelle qui rassemble tous les intervenants, du spécialiste au psychologue, en passant par le médecin dédié à la prise en charge de la douleur », souligne le docteur Chiche.
« Des femmes souvent perdues »
« Quand les femmes arrivent pour consulter, elles sont souvent perdues et c'est important d'avoir un endroit comme le nôtre, confirme Gladys Hatchi, coordinatrice auprès des patientes. Je sers d'interface et gère par la suite les rendez-vous avec les différents médecins. » Depuis la structuration du centre à la fin de l'automne dernier, la clinique de l'Estrée a déjà reçu 115 personnes pour des suspicions.
Le développement d'une « filière » permettra aussi de donner un rôle important « aux patients experts ». « Ils ont une connaissance éprouvée de la maladie dont on tient compte dans notre travail », relève Frédéric Chiche.
Lancés juste avant la pandémie du Covid-19 et le confinement, l'appel à projets de l'ARS et la sélection des candidats ont dû être décalés de quelques mois. Les équipes retenues devraient être connues à l'automne.
« Une maladie qui m’a fait énormément souffrir »
« Je me rétablis doucement mais sûrement, je reprends des forces. » Noémie (le prénom a été changé) est sortie d’une longue et délicate convalescence pendant le confinement et a même repris le travail en avril, depuis chez elle dans un premier temps. La jeune habitante de Seine-Saint-Denis âgée de 34 ans, qui était atteinte d’endométriose, a dû subir quelques mois plus tôt une intervention lourde à la clinique de l’Estrée. Une opération qui l’a ensuite obligée à porter une poche jusqu’à la mi-mars. « C’est une maladie qui m’a fait énormément souffrir, confie Noémie. Mais je pensais qu’il s’agissait de douleurs normales liées aux règles et je ne m’étais jamais vraiment posée de questions. » C’est au moment de vouloir un enfant qu’elle est confrontée à une autre réalité. Trois ans pour obtenir un diagnostic « Je n’arrivais pas à tomber enceinte, j’ai commencé à beaucoup douter, je voyais ma santé se dégrader avec des douleurs toujours plus fortes et intenses, poursuit la jeune femme. Je finissais par avaler des cachets contre la douleur comme des bonbons, j’étais incapable de prendre autre chose que des boissons chaudes comme le thé pendant les règles… Ça n’était pas une vie. » Il a fallu trois ans à Noémie pour obtenir un diagnostic. « J’ai vu plusieurs gynécologues qui ne détectaient rien. J’ai décidé d’aller à l’Hôpital américain, à Neuilly-sur-Seine qui a enfin trouvé ce dont je souffrais et m’a ensuite orienté vers Stains. » La maladie est identifiée il y a peu plus d’un an et nécessite une opération importante, à la clinique de l’Estrée. « J’ai été accompagnée dans toutes les démarches, ça m’a redonné confiance en moi. Nommer la maladie et les douleurs m’a fait avancer dans mon combat. » La jeune femme, épaulée par son mari, aura ultérieurement recours à la fécondation in vitro pour avoir un enfant.
©Le Parisien, le 27 juillet 2020 - Par Claire Guédon
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