Keraudren : de la VR pour les patients en chir. ambulatoire



Depuis début mai, les patients opérés en ambulatoire à la clinique de Keraudren peuvent utiliser des casques de réalité virtuelle pour s’évader durant le temps de la chirurgie. Une pratique pas si éloignée de l’hypnose, selon le Dr Sandrine Souquière, anesthésiste-réanimateur.
Dès l'attente avant d'entrer au bloc opératoire, les lunettes de réalité virtuelle permettent au patient de s'évader. La réalité virtuelle a fait son entrée au bloc opératoire, pour aider les patients à oublier leur anxiété avant une intervention chirurgicale sans anesthésie générale. Le patient enfile le casque, qui se présente un peu comme de grosses lunettes. Puis une télécommande lui permet de pointer, dans le menu s’affichant sous ses yeux, les images de voyage qu’il souhaite visionner, avec éventuellement une musique relaxante en fond sonore.

La fin du petit « louzou »
« Le bloc opératoire est un lieu qui suscite des craintes, un endroit assez anxiogène. Il y a des gestes douloureux et on sait que le stress est néfaste pour les patients. Cela retarde la récupération après les interventions, ça a des effets métaboliques…?Ce n’est pas que dans la tête », souligne Karine Le Duff, infirmière de bloc opératoire, coordinatrice à la clinique de Keraudren.
Le Dr Sandrine Souquière, anesthésiste réanimateur, présente les lunettes de réalité virtuelle qui sont proposées aux patients avant l'intervention. Durant de longues années, il a été d’usage de calmer l’anxiété du patient en lui donnant une prémédication, un cachet d’anxiolytique, qui avait d’autres inconvénients. « Ce fameux petit "louzou" pour le stress, auquel les patients étaient très attachés, ne marchait pas très bien, parce qu’il est un peu long à faire effet. Les patients restaient "shootés" en salle de réveil et cela constituait un frein à la sortie. On a éliminé cet anxiolytique il y a trois ans et, en parallèle, on a introduit un médicament contre la douleur pour qu’il soit efficace au moment de la sortie du bloc opératoire », explique le Dr Sandrine Souquière, anesthésiste-réanimateur à la clinique de Keraudren. Grâce à ces modifications, la douleur est mieux prise en charge et l’état d’éveil du patient assuré. Mais il restait à trouver une solution pour calmer l’anxiété. « Il fallait trouver des alternatives pour les chirurgies éveillées. Elles sont de plus en plus courantes : cela représente plus de la moitié des interventions en orthopédie, mais aussi en urologie, pour tout ce qui est interventions sur la prostate ou la vessie qui se font aussi en anesthésie locorégionale, quand il suffit de faire une anesthésie du bas du corps, ou encore pour certains gestes de coronarographie qui peuvent être longs », ajoute le Dr Sandrine Souquière.

Réceptif à la vue ou à l’ouïe
L’hypnose pouvait être une solution, mais elle suppose un praticien dédié à chaque patient, ce qui n’est pas facile à mettre en oeuvre. « On utilise l’hypnose quand on pique les patients, mais on ne les lâche pas quand ils partent au bloc, cela ne suffisait pas. Avec ces lunettes 3D, on utilise, comme dans l’hypnose, les canaux accessoires de perception des patients, on a des canaux visuels, des canaux auditifs, olfactifs. Mais l’utilisation de la réalité virtuelle n’est pas de l’hypnose, c’est de la focalisation d’attention. Certains patients privilégient l’auditif; d’autres, le visuel…?On teste avant l’opération, en posant deux ou trois questions. Pour ceux qui sont réceptifs au visuel, on leur place les lunettes avant d’entrer en salle d’opération, et ensuite ils sont dans leur monde, ils voyagent. Pour d’autres, la musique suffira ». La technique est acceptée immédiatement par les plus jeunes; chez les plus âgés, certains refusent d’emblée, d’autres acceptent de tester et l’adoptent le plus souvent. «L’objectif est de proposer un éventail un peu varié, d’élargir les propositions.
Les patients sont très satisfaits, ils récupèrent très vite, cela marche très bien chez les jeunes geeks, ils savent même mieux l’utiliser que moi! Beaucoup de patients s’étonnent lorsqu’on leur retire les lunettes: « C’est déjà fini? », s’amuse le Dr Sandrine Souquière.


© Le Télégramme de Brest - Catherine Le Guen - 14 août 2019

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