Près de Nantes, une clinique ophtalmologique propose à ses patients de noter la pertinence des soins, en se basant sur des critères internationaux. Une expérience encore rare en France.
« Lire un article dans le journal ? Très difficile pour vous ; difficile ; moyennement difficile ; sans difficulté. » Au total, il y a neuf questions. Depuis près de deux ans, les patients se faisant opérer de la cataracte à la clinique ophtalmologique de Santé Atlantique (groupe Elsan), près de Nantes, sont invités à y répondre.
Une tablette est mise à leur disposition dans le hall d’attente. « Il leur suffit de flasher le QR Code que je leur transmets à leur arrivée, souligne Christelle, la secrétaire. Dans les trois mois après l’opération, une société les contacte par mail ou téléphone, pour leur demander de répondre aux mêmes questions. » « Mon score était de 2,7 avant l’opération, là, je suis à 3,7 sur 4 », sourit Julien Landais, un patient revenu pour un contrôle, après avoir répondu au questionnaire.
Obligatoire au Royaume-Uni
Le manque de mesure des résultats des soins par le patient est une faiblesse du système français. Les établissements de santé se contentant généralement d’interroger sur l’accueil, la chambre, le confort, les repas. Dans d’autres pays, au contraire, la mesure de la valeur du soin par le patient est une obligation. Ainsi, au Royaume-Uni, pour quatre pathologies (chirurgie du genou, de la hanche, des varices et des hernies), 100 % des résultats recueillis sont publiés en ligne. Cela permet « aux citoyens anglais de choisir de manière éclairée leurs hôpitaux et professionnels de santé », estime l’institut Montaigne dans un rapport publié fin avril.
L’expérimentation menée à Santé Atlantique (et dans une clinique de Limoges) va être étendue au service ophtalmologie du CHU de Nantes. Elle s’appuie sur les indicateurs de l’ICHOM, le consortium international pour l’évaluation de la santé. Cette ONG, sans but lucratif, a établi des critères internationaux pour une trentaine de pathologies.
« Bien mesurer la pertinence de soins, c’est dans l’intérêt de tout le monde, patients, médecins, établissements de santé », estime le Dr Lignereux, qui pilote l’initiative suivie de près par la Caisse primaire maladie.
On la comprend : 880 000 opérations de la cataracte ont été effectuées en 2018 contre 573 000 en 2006.
D’autres disciplines, notamment en cancérologie, commencent également à tester l’évaluation des soins. Dans l’immédiat, en France, les résultats restent confidentiels.
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