Cancer du poumon : l’appli de dépistage précoce


Le Dr Denis, oncologue à la clinique Victor-Hugo, lance Smokecheck, nouvelle application de dépistage des principales complications du tabac, dont le cancer du poumon.

Smokecheck, c’est quoi ?
Une application gratuite, destinée aux fumeurs et anciens fumeurs ayant arrêté le tabac depuis moins de cinq ans. Utilisable sur smartphone, tablette ou PC, seul ou avec l’aide d’un proche, Smokecheck aide à dépister plus rapidement la bronchite chronique, certains cancers comme celui du poumon, de la gorge ou du pancréas, mais aussi des problèmes cardiovasculaires.

Qui a conçu cette application ?
Le Dr Fabrice Denis, oncologue à la clinique Victor-Hugo et chercheur au CNRS. Ce médecin féru de nouvelles technologies, soutenu financièrement par la Ville, le Département et la Région, a travaillé en partenariat avec le centre hospitalier du Mans, l’institut Jean-Bernard et la CPAM de la Sarthe. Il y a quelques années, le Dr Denis avait lancé une application similaire, baptisée Moovcare, pour détecter une éventuelle rechute du cancer du poumon. Une première mondiale, devenue, en avril, un e-médicament remboursé par la Sécurité sociale !

Comment ça marche ?
Tous les deux à six mois, selon la quantité de cigarettes consommées, le fumeur remplit un questionnaire d’une douzaine de questions : perte de poids, fatigue, toux persistante, douleur thoracique, essoufflement anormal, crachats de sang… Un algorithme analyse les symptômes et suggère d’aller voir son médecin traitant.
Puisqu’il s’agit encore d’une phase d’étude, le patient est alors adressé à une infirmière de coordination du service de pneumologie du centre hospitalier du Mans, qui lance les examens habituels. L’application joue ainsi le rôle d’intermédiaire « entre le patient, qui, dans 50 % des cas, ne connaît pas les symptômes du cancer, et le médecin, qui ne voit pas souvent le patient », précise l’expert en e-santé.

En quoi l’application peut-elle s’avérer plus utile qu’une consultation régulière chez le médecin ?
Elle fait office d’alerte et permet de gagner du temps. D’après le Dr Denis, beaucoup de fumeurs sentent qu’il y a un problème, mais rechignent à consulter : « Du coup, aujourd’hui, il peut se passer six mois entre les premiers symptômes d’une maladie pulmonaire ou cardiaque et le rendez-vous avec le médecin. Huit fois sur dix, dans le cas d’un cancer, le diagnostic arrive trop tard. Alors que plus on détecte tôt, plus on a de chances d’avoir un cancer curable. »

L’application peut aussi devenir un outil efficace pour inciter les fumeurs à passer au sevrage ?
Le Dr Denis évoque une « prise de conscience » susceptible d’accélérer le sevrage, meilleur moyen de ne pas tomber malade.

Quand l’application va-t-elle être déployée ?
Elle est disponible sur les plateformes de téléchargement depuis quelques jours. D’abord testée sur le périmètre de Le Mans Métropole, l’application sera ensuite étendue à l’ensemble de la Sarthe et des Pays de la Loire, avant un déploiement national si les tests s’avèrent concluants.


© Ouest France - Mardi 4 juin 2019 - Jérôme Lourdais

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