La clinique Victor-Hugo au Mans vient
d’ouvrir une nouvelle unité de prise en charge globale : un lieu cosy où
le patient se confie aux soignants durant une demi-journée. Une consultation
sans rush.
Elle s’est posée dans un fauteuil inclinable rose
fushia, assorti à son pull mauve et au mur de la chambre garni de livres,
au-dessus du coin café-biscuits. Marie-Odile, 63 ans, n’est pas installée chez
elle, mais dans une nouvelle unité de la clinique Victor-Hugo. Une chambre au 3e étage, avec un salon attenant : canapé, table
basse, lampe, micro-ondes, plante verte, magazines, jeux de société… C’est dans
ce lieu cosy que certains patients atteints d’un cancer, ainsi que leurs
proches, sont désormais reçus par l’équipe de soins. Ils y passent une
demi-journée, auprès d’oreilles attentives : médecin, kiné, diététicienne,
psychologue, assistante sociale, infirmière de coordination.
« Chouchoutée »
Ici, on peut parler de ses problèmes de diarrhée ou de
jambes flageolantes sans regarder l’horloge. On cause douleur en douceur.
« La personne que j’ai vue ce matin s’est sentie chouchoutée. Elle se mettait vite à pleurer. Au début de l’entretien, elle ne voulait pas
entendre parler de la psychologue. À la fin, elle disait que ça serait peut-être bien », confie
Jennifer Marie, infirmière. Jean-Pierre Duchet, kiné, fait oui de la tête :
« On est plus disponibles, plus abordables, la confiance s’installe. Ça laisse émerger des choses qui ne sortent pas dans la précipitation d’un rendez-vous trop centré sur un événement. Ils ont le sentiment d’être replacés au centre. »
« Des petites attentions qui font
du bien »
Marie-Odile confirme : « Ce n’est pas comme en consultation. On n’a pas l’impression que
c’est à la chaîne. Là, c’est détendu, il y a des petites attentions qui font du
bien. On peut dire des choses plus intimes », glisse la
retraitée, qui, après trois ans et demi de consultations parfois stressantes,
voit son cancérologue d’un autre œil. Constat réciproque : « En consultation, c’est rapide, il y a plein de monde en salle
d’attente. Là, on respire, il y a une intimité », se réjouit le Dr
Hugues Bourgeois, qui découvre des aspects inconnus sur la vie de ses patients,
comme l’isolement social.
Une aide à la décision
« Du coup, ça aide à prendre la
meilleure décision, comme faire ou pas une chimio. On colle plus au projet du
patient et de sa famille. » L’oncologue résume cette relation
privilégiée d’une belle formule : « Je ne suis plus un simple
technicien de chimio, mais un docteur au sens large. » Baptisée
Hoasis (Hospitalisation ambulatoire de soins interdisciplinaires de support),
l’initiative ne se réduit pas à cet échange d’une demi-journée. Les soignants
anticipent, puis font le point, avec courrier ou coup de fil au médecin de
famille, au kiné ou à l’infirmière de ville. Éventuellement le réseau de soins
palliatifs.
Une première dans la région
Les bienfaits de cette rencontre collective, inédite
dans la région, devraient se faire sentir à long terme. « Plus tôt on met en place une prise en charge globale, meilleure sera la qualité de vie du patient et des proches. C’est aussi bon pour les conjoints. Parce que quand les aidants craquent, tout le monde craque », estime le Dr Bourgeois, convaincu des
vertus de « l’empathie » sur le moral du
patient. Et donc sur sa santé.
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